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Message  manon Ven 23 Nov - 2:48

http://www.imf.org/external/pubs/ft/fandd/fre/2005/06/index.htm

Juin 2005
Volume 42, Numéro 2

LE FINANCEMENT DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
Nicholas Barr

L A PROBLÉMATIQUE de l’enseignement supérieur est universelle
:financements insuffisants, doutes grandissants quant à la qualité des
formations, médiocre encadrement des étudiants, ou encore
sous-représentation des couches sociales défavorisées. S’ajoute à cela,
dans de nombreux pays, la nature régressive du financement des
universités,en ce sens qu’il fait appel à l’ensemble des
contribuables,mais profite de manière disproportionnée aux classes
aisées. L’enseignement tertiaire a cessé d’être un bien de consommation
réservé à une élite pour devenir un atout fondamental de l’économie
d’un pays et un facteur déterminant du potentiel social d’un individu.
Autrement dit, l’expansion qu’il connaît à l’échelle internationale est
à la fois nécessaire et souhaitable. Mais l’enseignement supérieur est
coûteux et d’autres priorités sociales lui disputent les crédits de
l’État. Son financement est donc important et éminemment
politique.Au-delà des problèmes, il semble se dégager un consensus sur
deux objectifs fondamentaux : le souci de la qualité et de la
diversité,comme finalités en soi et comme facteurs contribuant à
l’économie nationale, et celui d’un meilleur accès, pour des raisons
d’équité et d’efficacité. Si les fonds publics ne suffisent pas, il
faut faire intervenir le financement privé, en veillant toutefois à ne
pas écarter les étudiants d’origine modeste. C’est à cette question que
s’intéresse principalement le présent article. À première vue, elle
semble surtout s’appliquer aux pays plus riches, mais elle concerne en
fait l’enseignement tertiaire de manière plus générale, y compris dans
les pays en développement.

Que nous apprend la théorie économique?

La théorie économique offre un éclairage particulièrement utile de
l’enseignement supérieur. Un premier constat s’impose : les jours de la
planification centrale sont révolus.Les étudiants sont des
consommateurs en principe bien informés, mieux à même que n’importe
quel planificateur de faire les choix répondant à leurs propres
intérêts et à ceux de l’économie.Cette affirmation admet toutefois une
exception de taille : les personnes issues de milieux plus défavorisés
ne sont peut-être pas pleinement informées, d’où la nécessité d’offrir
des bourses d’études. Sur le plan de l’offre,aujourd’hui la
planification centrale n’est plus viable. Les percées technologiques
aidant, les universités, les étudiants et les disciplines d’études sont
mais plus nombreux. Il est impossible de défendre l’argument que toutes
les universités sont identiques et doivent recevoir le même
financement. Certes, une instance centrale de planification pourrait
adapter les financements à chaque cas particulier, mais le problème est
trop complexe pour être confié à ce seul mécanisme.Un enseignement
supérieur au service d’un nombre croissant d’étudiants doit s’appuyer
sur un système de financement qui laisse à chaque établissement la
possibilité de moduler ses prix en fonction de sa mission et de ses
coûts.

Il importe de souligner que cette démarche est fort différente de celle
que l’on pourrait préconiser pour l’enseignement scolaire où le modèle
du consommateur avisé ne présente pas la même pertinence et où priment
davantage les arguments en faveur d’un produit normalisé.Le principe
d’un marché réglementé pour l’enseignement supérieur ne relève pas
essentiellement de l’idéologie, mais s’appuie sur la dimension
économique de l’information.

Deuxième éclairage de la théorie économique : les étudiants devraient
prendre en charge une partie du coût de leur diplôme. L’enseignement
supérieur ne profite pas simplement à la personne, il contribue à la
croissance, à la cohésion sociale et à la transmission de valeurs.
Aussi est-il logique de mettre les recettes fiscales à contribution.
Cela dit, les avantages dont profitent les étudiants à titre personnel
sont appréciables (voire substantiels) et donc, par souci d’efficience
et d’équité, il importe qu’ils prennent en charge une partie des coûts.

Cette question mérite d’être approfondie, car l’éducation tertiaire est
souvent présentée comme un droit qui,en tant que tel, devrait être
financé par l’État. L’alimentation est,elle aussi, considérée comme un
droit fondamental, mais personne ne voit d’inconvénients à ce que les
aliments aient un prix.L’impératif moral ne concerne pas l’instrument
(en l’occurrence le prix), mais le résultat,en ce sens qu’un élève
brillant doit pouvoir poursuivre ses études dans le meilleur
établissement, quelle que soit sa situation financière.Qui plus
est,avec un enseignement supérieur en expansion et des contraintes
budgétaires de plus en plus rigoureuses,la qualité risque d’être mise à
rude épreuve si le financement se limite aux crédits de l’État. Les
données historiques montrent que ceux-ci n’ont pas véritablement
contribué à faciliter l’accès aux universités; et,comme nous l’avons
déjà noté, le financement à partir des recettes fiscales est fortement
régressif. S’il est injuste d’exiger des étudiants qu’ils assument une
plus grande partie des coûts, il est encore plus inique de mettre à
contribution les citoyens qui ne mettront jamais les pieds dans un
amphithéâtre.

Cela étant, la plupart des étudiants n’ont pas les moyens de financer
des études supérieures, ce qui nous amène au troisième apport de la
théorie économique : des prêts d’études bien conçus sont un attribut
essentiel.

•La formule du remboursement en fonction des revenus (remboursements
déduits du salaire du diplômé en même temps que l’impôt sur le
revenu)est un gage d’accès en ce sens que le risque de
non-remboursement est, par principe, écarté. En outre, comme les
remboursements coïncident avec le paiement de l’impôt, le prêteur est
protégé contre les risques inhérents à un prêt non garanti.
•Les prêts devraient suffire à couvrir les droits de scolarité et,en
tout cas dans les pays plus riches,des frais de subsistance
raisonnables, de sorte que, dans la pratique, les études soient
gratuites pendant leur déroulement.
•Les prêts devraient être assortis de taux comparables au coût du
crédit pour l’État.

La question du taux d’intérêt mérite d’être examinée de plus près. De
nombreux pays, dont l’Australie et la Grande-Bretagne, offrent des
prêts à taux zéro, autrement dit à intérêts entièrement bonifiés.Mais
cette formule ne permet d’atteindre aucun des objectifs visés.Le coût
des bonifications étant considérable,les fonds disponibles sont
limités,ce qui va à l’encontre des impératifs d’accès et de qualité.
L’expérience du communisme démontre que les bonifications de prêt
peuventfacilement aboutir à des pénuries.En l’occurrence,le coût
financier des bonifications se traduit par des prêts trop modestes
(d’où un accès d’autant plus difficile) et en même temps par un effet
d’éviction sur le financement public des universités, ce qui nuit à la
qualité. Qui plus est, les bonifications ont un caractère profondément
régressif.Elles n’aident pas les étudiants :ce sont les diplômés qui
remboursent, et non les étudiants. Les diplômés dont les revenus sont
modestes ne reçoivent en fait qu’une aide limitée, car les dettes non
remboursées finissent pas être effacées. Elles n’aident pas non plus,au
début de leur carrière,les diplômés mieux rémunérés; comme les
remboursements dépendent exclusivement des revenus, les taux d’intérêt
n’agissent pas sur les mensualités mais sur la durée.Autrement dit,les
principaux bénéficiaires sont les cadres bien engagés dans une
brillante carrière qui finissent de rembourser plus tôt qu’ils ne
l’auraient fait sans bonification. Or, ce n’est pas là le groupe
démographique visé par les responsables de l’éducation.Cela dit,si les
bonifications d’intérêts sont ciblées,elles peuvent se révéler utiles.

La stratégie envisageable

Forts de ces constats,nous élaborons une stratégie à trois volets.

Premier volet : droits de scolarité variables différés.
Les universités sont financées à partir de l’argent des contribuables
et des droits de scolarité.Chaque université fixe le montant de ces
droits,qui sont couverts par un prêt.Sujet à controverse en Europe
occidentale, le caractère variable des frais de scolarité est moins
contesté dans le reste du continent et tout à fait admis aux États-Unis
et dans de nombreux pays d’Asie. Les droits de scolarité permettent aux
universités de disposer davantage de ressources pour améliorer la
qualité et, par le jeu de la concurrence, d’utiliser ces ressources de
manière optimale. Il ne s’agit pas de préconiser une concurrence
effrénée,mais plutôt une réglementation des marchés.Enfin,le fait que
ces droits ne soient pas uniformes est aussi un gage d’équité,car cela
réduit le caractère régressifd’un système fondé sur les crédits de
l’État.

L’argument de choc contre les droits de scolarité consiste à dire
qu’ils sont hors de portée des étudiants d’origines modestes. Cet
argument est admissible s’ils sont censés être payés en début de
cursus,mais il perd sa validité si les étudiants ne commencent à payer
qu’une fois diplômés.

Deuxième volet : prêts remboursables en fonction des revenus.
Les étudiants reçoivent une aide sous forme d’un prêt dont le profil de
remboursement dépendra des revenus du futur diplômé. Le prêt doit être
suffisant pour couvrir les droits de scolarité et, dans les pays plus
riches, des frais de subsistance raisonnables. En outre, le taux
d’intérêt doit être comparable au coût du crédit pour l’État.

Si les prêts permettent de prendre en charge les droits de scolarité,la
formule est alors proche de la «gratuité» en ce sens que les étudiants
n’ont rien à payer pendant qu’ils sont à l’université.

Une partie des coûts est financée par le contribuable et l’autre par
les remboursements ultérieurs qui seront fonction des revenus. Du point
de vue du diplômé, cette deuxième composante se distingue de l’impôt à
deux égards : elle n’est versée que par d’anciens étudiants et elle
n’est pas perpétuelle.Autrement dit, on peut voir dans les prêts
remboursables en fonction des revenus l’équivalent de la gratuité d’un
enseignement financé par les contributions des diplômés à partir de
leurs revenus.

Le point de vue du ministère des finances est quelque peu différent.
Certes, un prêt finit par mobiliser des ressources d’origine
privée,mais par définition il entraîne un coût initial, en ce sens
qu’il y a un décalage entre le moment où une somme est mise à
disposition et celui où elle est remboursée.Il est donc utile d’établir
une distinction entre le coût financier d’un prêt (c’est-à-dire les
montants qui ne sont jamais remboursés, par exemple du fait d’une
bonification d’intérêts) et ses coûts de trésorerie, qui se rapportent
aux montants qui sont effectivement remboursés.Les coûts financiers
intéressent tous les pays, et dans les pays les plus pauvres les coûts
de trésorerie soulèvent également un problème particulier. Dans
l’idéal, ces coûts devraient pouvoir être couverts par un emprunt au
secteur privé, mais la rémunération demandée par les prêteurs risque
d’être considérable, notamment dans les pays en développement, à moins
que l’État n’offre une garantie. Or, si garantie il y a, ces prêts
doivent alors être qualifiés de publics.Plusieurs solutions sont
envisageables dans ce domaine très technique, mais elles doivent être
élaborées avec beaucoup de soin.

Troisième volet : mesures actives pour promouvoir l’accès à
l’enseignement supérieur.
Les deux premiers volets permettent de mobiliser des ressources en
faveur de ce volet. Il y a deux causes à l’exclusion : la pauvreté
monétaire et la pauvreté d’information. Toute stratégie visant à
faciliter l’accès doit agir sur ces deux phénomènes.Les mesures
financières,dont les bourses d’études,reçoivent souvent beaucoup
d’attention,mais ce n’est pas le cas de l’information,or il est crucial
d’informer les élèves et de nourrir leurs aspirations.Les barrières les
plus déplorables sont celles qui empêchent aux élèves de penser à
poursuivre leurs études à l’université. Qui plus est, les élèves mal
informés sur les coûts et les avantages des études supérieures
hésiteront d’autant plus à emprunter; ils constituent le groupe auquel
le contribuable doit apporter son appui. Enfin, les problèmes d’accès
ne peuvent pas être entièrement résolus dans les stricts contours de
l’enseignement supérieur : il faut mobiliser davantage de ressources en
amont,car il est de plus en plus manifeste que l’exclusion plonge ses
racines dans la première enfance.

manon

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Message  manon Ven 23 Nov - 2:49

Les réformes en Grande-Bretagne

Des réformes engagées en 1998 ont permis d’adopter les prêts
remboursables en fonction des revenus,acquis dont il convient de se
réjouir. Cela dit, le système britannique accusait par ailleurs de
graves problèmes : •la planification centrale subsistait, avec des
contrôles sur le nombre des étudiants et les droits de scolarité;

•des droits de scolarité avaient été institués; ils étaient fixés par
l’administration centrale et étaient uniformes pour toutes les filières
et toutes les universités. Aucun prêt n’étant offert pour les
couvrir,ces frais devaient être réglés dès le début.
•les prêts ne suffisaient pas à couvrir les frais de subsistance — et
donc encore moins les droits de scolarité — et étaient assortis d’une
bonification d’intérêts totale.
•les réformes ont mis fin au système d’aides publiques.

Les réformes de 2004 s’attaquent à la plupart de ces problèmes et
s’inspirent de la triple stratégie énoncée plus haut,offrant ainsi un
cadre de référence utile pour d’autres pays.

Droits de scolarité.
À partir de 2006,les droits forfaitaires initiaux seront remplacés par
un montant annuel variable de 0 à 3.000 livres. Les étudiants pourront
régler cette somme au comptant ou contracter un prêt, auquel cas
l’administration compétente verse directement les droits à
l’université. Autrement dit,quelle que soit la formule choisie,sur le
plan financier l’établissement universitaire ne voit pas la
différence.Le marché est réglementé,ne serait-ce que parce que les
droits de scolarité sont plafonnés. Comme nous l’avons noté plus haut,
le caractère modulable des droits de scolarité est un atout
d’efficience. C’est en outre un gage d’équité : l’argent du
contribuable étant moins sollicité, le financement est moins régressif,
et les droits ne sont pas les mêmes pour un établissement de modeste
envergure que pour une université de réputation internationale.

Prêts.
La réforme de 2004 a amélioré le système en offrant des prêts qui
couvrent les droits de scolarité et une plus grande part des frais de
subsistance.Elle a aussi eu pour effet de relever le seuil de revenu
qui déclenche le remboursement :à partir de 2006, les diplômés devront
rembourser 9 % de leurs revenus annuels lorsque ceux-ci dépassent
15.000livres (le seuil précédent était de 10.000livres). Pour
l’étudiant, la situation n’est pas tellement différente de l’époque où
l’université était «gratuite» :quelqu’un paie les droits de scolarité
pour lui et de l’argent est déposé sur son compte pour lui permettre de
subvenir à ses besoins. Le diplômé, lui, verra sur son bulletin de
salaire une déduction qui s’ajoutera à l’impôt sur le revenu et aux
cotisations sociales jusqu’à ce que le prêt soit entièrement remboursé.
Il est cependant un aspect important des prêts qui n’obéit ni à la
théorie ni aux pratiques exemplaires : la réforme de 2004 n’a pas mis
fin aux bonifications d’intérêts.

Promotion de l’accès aux universités.
La loi de 2004 a réinstitué les subventions (autrement dit les bourses
accordées pour revenus insuffisants). À partir de 2005, et en sus des
prêts, les étudiants provenant de milieux défavorisés auront droit à
une bourse annuelle de 2.700livres. L’objectif est de veiller à ce
qu’aucun de ces étudiants ne soit lésé par la réforme.En outre, les
diplômés aux revenus modestes sont pris en considération : si au bout
de 25ans leur prêt n’est toujours pas remboursé, la dette est tout
simplement effacée. Enfin, dans le cas de nouveaux enseignants qui
choisissent des disciplines où il y a pénurie de professeurs,le prêt
est déduit de 10 % pour chaque année passée dans le système public.

La réforme comprend aussi un «régulateur d’accès» qui exige des
universités qu’elles élaborent des plans de promotion de l’accès.Ces
plans peuvent prendre la forme de bourses pour les étudiants de milieux
défavorisés ou de campagnes de sensibilisation et d’information auprès
des écoles.

Toutes ces mesures, qui entreront pleinement en vigueur en 2006,
permettront de mobiliser davantage de ressources, d’encourager la
concurrence et, partant, de contribuer à une meilleure qualité.Elles
favoriseront en outre une redistribution vers les groupes défavorisés
et faciliteront donc l’accès.Cela ne signifie pas que le dispositif
soit parfait. D’aucuns estiment que le plafonnement des droits de
scolarité est trop bas. En l’occurrence,il s’agit d’opérer un dosage
judicieux.Si ces droits de scolarité sont libéralisés trop rapidement,
ils risquent de compromettre un équilibre politique déjà difficile à
assurer.À l’inverse, s’ils sont trop faibles,la plupart des universités
vont vouloir facturer le maximum permis au risque de promouvoir un
système à droits forfaitaires et de renouer insidieusement avec la
planification centralisée. Le principal problème qui persiste avec les
prêts tient aux bonifications d’intérêts, coûteuses et régressives.Cela
dit,il est de nombreux aspects des réformes britanniques qui pourraient
utilement inspirer d’autres pays.

Le principal défi

La théorie économique et l’expérience peuvent nous aider à prévenir ou
résoudre certains problèmes,comme par exemple :

a) des dépenses publiques insoutenables;
b) des dépenses publiques détournées par les classes moyennes;
c) l’absence de prêts ou des prêts mal conçus, n’apportant que peu de
ressources supplémentaires,voire aucune;
d) les contraintes économiques qui pèsent sur les universités et ne les
incitent pas à être efficaces;
e) les modalités concrètes qui peuvent se révéler coûteuses
(bonifications d’intérêts), lourdes à gérer (vérification du niveau de
revenu),ou à la fois coûteuses et contraignantes.

Ces problèmes sont généralisés,encore que certains (points b) et d))
soient moins marqués dans les pays où les droits de scolarité sont
variables.

Les trois volets de la stratégie décrite plus haut peuvent s’appliquer
à tout pays qui peut efficacement recouvrer l’impôt sur le revenu et,
partant, le remboursement de prêts étudiants. Ils constituent un cadre
de référence utile (voir encadré).Cela dit, dans les pays en
développement,l’importance du secteur informel et les carences du
dispositif de recouvrement de l’impôt posent des problèmes lancinants à
quiconque envisage de mettre en place une formule de prêts
remboursables en fonction des revenus. C’est là sans doute l’obstacle
le plus redoutable. Si les conditions préalables ne sont pas
remplies,ce serait commettre une erreur que de lancer un vaste
programme de prêts en espérant que par la force des choses les
résultats seront positifs. Quelles options peut-on alors envisager?

•Financer l’enseignement supérieur en faisant appel modestement aux
fonds publics (par exemple 1 % du PIB) afin d’offrir un service de
bonne qualité à un petit nombre d’étudiants ou un service de moins
bonne qualité à un plus grand nombre.
•Recourir au financement privé, en acceptant le fait que l’accès se
limitera aux étudiants dont les parents ont suffisamment de moyens,et
en ajoutant un petit nombre de bourses.
•Adopter un dispositif de prêts de modeste envergure en acceptant le
fait que le taux de non-remboursement et les coûts administratifs
seront élevés.
•Se servir des fonds publics pour payer,par exemple,deux années
d’université,le financement privé se chargeant du reste.
•Utiliser l’aide pour faciliter les choix entre ces formules.

Les inconvénients du financement privé ou d’un régime de prêts
inapproprié sont évidents. Conjointement, les deux dernière options
permettraient peut-être, à court terme, de mieux utiliser des fonds
publics limités. En outre, elles préservent la possibilité de mettre en
œuvre un programme de prêts une fois en place les capacités
institutionnelles. Dès lors qu’il existe un mécanisme effectif de
recouvrement, les sources non gouvernementales, y compris les
organisations financières internationales et les établissements
commerciaux peuvent contribuer à prendre en charge une partie des coûts
initiaux.

Complémentarité de l’enseignement

La problématique des frais d’études et des prêts étudiants concerne
globalement l’enseignement tertiaire, mais celui-ci doit être perçu
dans le contexte plus vaste de l’ensemble de la scolarité. Un nombre
croissant de travaux mettent en évidence la relation dialectique qui
existe entre les différentes étapes de l’éducation : l’enseignement
tertiaire est d’autant plus productif que les étapes antérieures sont
de bonne qualité et, à l’inverse, l’enseignement primaire fini par être
plus fécond si les niveaux secondaire et tertiaire prennent
correctement le relais. Autrement dit, il faut financer l’enseignement
tertiaire de manière à promouvoir sa qualité sans le faire aux dépens
de l’enseignement primaire et secondaire.

Encadré :

" Où en sont les autres pays ?

Les principaux pays industrialisés sont tous aux prises avec le
financement de l’enseignement supérieur. Le gouvernement britannique a
fait preuve de beaucoup de courage en s’attaquant à des obstacles
politiques redoutables. Tôt ou tard, d’autres gouvernements devront lui
emboîter le pas. La voie tracée par des pays tels que l’Australie,le
Canada,la Nouvelle Zélande et le Royaume-Uni devrait leur faciliter la
tâche.

- Les Etats-Unis ont adopté une bonne formule en ce qui concerne les
droits de scolarité, mais on ne peut pas en dire autant des prêts, dont
les remboursements ne dépendent pas des revenus futurs et ne sont pas
déduits des salaires;en outre les intérêts sont en général bonifiés. Le
bilan est aussi moins satisfaisant du point de vue de la promotion de
l’accès,le système de bourses étant critiquable,car complexe et
insuffisant.

- Le Canada a entrepris d’étudier la mise en place d’une formule de
prêts remboursables en fonction des revenus.

- En Australie,depuis 1989 les droits de scolarite sont les mêmes
pour tous les établissements et toutes les filières,et ce n’est que
récemment que le système a commence à se libéraliser. Il existe
également des prêts remboursables en fonction des revenus, mais ils
sont assortis d’une bonification et ne couvrent pas les frais de
subsistance.

- La Nouvelle Zélande a presque réussi à combiner les trois
composantes au début des années 90, mais a brûlé les étapes.Sous
l’effet de fortes pressions politiques,le pays a réinstitué les
coûteuses bonifications d’intérêts en 2000.

- La plupart des pays d’Europe occidentale et les pays nordiques ne
se sont pas encore attaqués à la question des droits de scolarité.C’est
un terrain sur lequel beaucoup de pays préfèrent ne pas s’engager. Le
ministre de l’éducation d’un pays nordique est même allé jusqu’à parler
de «tabou».
"

Nicholas Barr est professeur d’économie publique à la London School of
Economics et auteur de nombreux ouvrages et articles sur
l’État-providence (http://econ.lse.ac.uk/staff/nb). Il a été expert
invité au Département des finances publiques du FMI au printemps 2000
et fu l’un des principaux auteurs du Rapport sur le développement dans
le monde publié par la Banque Mondiale en 1996

Pour une analyse plus approfondie de la question,voir Nicholas
Barr,2004, «Higher Education Funding»,Oxford Review ofEconomic
Policy,vol.20,n o2 (été),p.264–83,et Nicholas Barr et Iain
Crawford,2005,Financing Higher Education: Answers from the U.K.(Londres
et New York,Routledge).

manon

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Message  Quentin Ven 23 Nov - 4:24

Très instructif. Merci Manon.

Quentin

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Message  manon Ven 23 Nov - 10:49

Quentin a écrit:Très instructif. Merci Manon.

expert invité au FMI... moi ça m'écoeure.

manon

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Message  Quentin Ven 23 Nov - 12:44

manon a écrit:
Quentin a écrit:Très instructif. Merci Manon.

expert invité au FMI... moi ça m'écoeure.
Et bien je pense qu'il est important d'avoir des avis d'économistes sur la question, il est impensable de mettre en oeuvre des réformes qui ne se tiennent pas financièrement.

Quentin

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Message  manon Ven 23 Nov - 17:45

Quentin a écrit:
manon a écrit:
Quentin a écrit:Très instructif. Merci Manon.

expert invité au FMI... moi ça m'écoeure.
Et bien je pense qu'il est important d'avoir des avis d'économistes sur la question, il est impensable de mettre en oeuvre des réformes qui ne se tiennent pas financièrement.

Un économiste est quelqu'un qui pratique une science molle. Il s'agit de gestion d'activités humaine. Il a donc une base idéologique, au même titre qu'un anthropologue, ou qu'un philosophe. Ce n'est pas parce qu'il y a des numéros que l'on parle de science exacte!! (à lire l'antimanuel d'économie de Bernard Marris)
C'est bien le problème aujourd'hui, dés que l'on sous-titre quelqu'un à la télé "économiste" ou "expert", on le rend objectif, intouchable et évangile de la Vérité. Il y a des vérités, et c'est à nous de choisir celle qui nous semble la plus conforme à l'idée que l'on se fait, de l'homme, de la justice, etc...

manon

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Message  Quentin Ven 23 Nov - 18:48

manon a écrit:
Quentin a écrit:
manon a écrit:
Quentin a écrit:Très instructif. Merci Manon.

expert invité au FMI... moi ça m'écoeure.
Et bien je pense qu'il est important d'avoir des avis d'économistes sur la question, il est impensable de mettre en oeuvre des réformes qui ne se tiennent pas financièrement.

Un économiste est quelqu'un qui pratique une science molle. Il s'agit de gestion d'activités humaine. Il a donc une base idéologique, au même titre qu'un anthropologue, ou qu'un philosophe. Ce n'est pas parce qu'il y a des numéros que l'on parle de science exacte!! (à lire l'antimanuel d'économie de Bernard Marris)
C'est bien le problème aujourd'hui, dés que l'on sous-titre quelqu'un à la télé "économiste" ou "expert", on le rend objectif, intouchable et évangile de la Vérité. Il y a des vérités, et c'est à nous de choisir celle qui nous semble la plus conforme à l'idée que l'on se fait, de l'homme, de la justice, etc...
Tout à fait d'accord. L'auteur ici présent ne s'embarrasse aucunement d'idéaux sociaux, c'est clair. Bien au contraire il semble prôner un enseignement supérieur multi-vitesse où la sélection par le niveau (et attention, pas par l'argent) serait reine. Je pense néanmoins que si l'on arrive à retirer cet aspect de son idée, elle est excellente. Cela ressemble légèrement à la mentalité anglo-saxonne qui consiste à remercier son alma mater via des dons, lorsque celle-ci nous a amené à la réussite professionnelle. Je dis légèrement parce que les moins favorisés dans leur parcours professionnel ne se retrouvent de toute manière pas avec une dette à vie, puisque celle-ci s'efface forcément au bout de 25 ans (et là je suis d'accord 25 ans c'est trop, mais il n'est pas nécessaire d'appliquer son idée au pied de la lettre, c'est juste une bonne base).

Maintenant il semble en effet difficile de concilier la non sélection des étudiants, la gérence libre des frais d'inscription par les facs et un système de bourse adapté... Mais cela ne veut pas dire que la question ne mérite pas d'être étudiée.

Quentin

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Message  manon Dim 25 Nov - 16:38

Quentin a écrit:
manon a écrit:
Quentin a écrit:
manon a écrit:
Quentin a écrit:Très instructif. Merci Manon.

expert invité au FMI... moi ça m'écoeure.
Et bien je pense qu'il est important d'avoir des avis d'économistes sur la question, il est impensable de mettre en oeuvre des réformes qui ne se tiennent pas financièrement.

Un économiste est quelqu'un qui pratique une science molle. Il s'agit de gestion d'activités humaine. Il a donc une base idéologique, au même titre qu'un anthropologue, ou qu'un philosophe. Ce n'est pas parce qu'il y a des numéros que l'on parle de science exacte!! (à lire l'antimanuel d'économie de Bernard Marris)
C'est bien le problème aujourd'hui, dés que l'on sous-titre quelqu'un à la télé "économiste" ou "expert", on le rend objectif, intouchable et évangile de la Vérité. Il y a des vérités, et c'est à nous de choisir celle qui nous semble la plus conforme à l'idée que l'on se fait, de l'homme, de la justice, etc...
Tout à fait d'accord. L'auteur ici présent ne s'embarrasse aucunement d'idéaux sociaux, c'est clair. Bien au contraire il semble prôner un enseignement supérieur multi-vitesse où la sélection par le niveau (et attention, pas par l'argent) serait reine. Je pense néanmoins que si l'on arrive à retirer cet aspect de son idée, elle est excellente. Cela ressemble légèrement à la mentalité anglo-saxonne qui consiste à remercier son alma mater via des dons, lorsque celle-ci nous a amené à la réussite professionnelle. Je dis légèrement parce que les moins favorisés dans leur parcours professionnel ne se retrouvent de toute manière pas avec une dette à vie, puisque celle-ci s'efface forcément au bout de 25 ans (et là je suis d'accord 25 ans c'est trop, mais il n'est pas nécessaire d'appliquer son idée au pied de la lettre, c'est juste une bonne base).

Maintenant il semble en effet difficile de concilier la non sélection des étudiants, la gérence libre des frais d'inscription par les facs et un système de bourse adapté... Mais cela ne veut pas dire que la question ne mérite pas d'être étudiée.

il ne s'embarasse pas d'idéaux sociaux, ce n'est pas le terme; il transpire une idéal social bien précis, il dégouline cet idéal!!! c'est un idéal méritocratique, l'idéal du travail, de la sélection, de l'effort, de la croissance. Bref, il n'y a rien de neutre dans tout ça. Pousser à une performance, ou une rentabilité des facs, c'est déjà s'inscrire dans une vision particulière de la société, qui n'est pas la mienne.

manon

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Message  Quentin Dim 25 Nov - 20:45

Tu me parles de méritocratie, c'est en substance ce que je disais, même si je l'ai en effet mal introduit. On a beau avoir certains idéaux (celui qui consiste à dire que la fac n'est pas là pour former à un métier, ou pour se plier au marché du travail, mais doit juste faire son travail d'apprentissage et de formation d'esprits libres, par exemple), il faut quand même les employer de manière rationnelle. Il n'est pas normal qu'absolument n'importe qui avec le diplôme du bac puisse s'inscrire dans un cursus dont il n'a pas le niveau pour le suivre. Le bac ne prépare pas à la faculté, et permettre à des jeunes de perdre 2, 3 voire plus d'années de leur vie, pour au final les balancer sur le marché du travail sans diplôme, c'est complètement irresponsable, et je dirai même que c'est irrespectueux vis-à-vis d'eux qui auraient sans doute pu s'en sortir autrement. Je vais même aller jusqu'à dire que c'est un excellent moyen pour le gouvernement de diminuer artificiellement les chiffres du chômage via ces étudiants mal orientés, ou n'ayant pas le niveau suffisant pour suivre un cursus à la fac (un étudiant coûtant malheureusement moins cher qu'un chomeur :/).

Ce que j'essaie de dire, c'est que l'on peut voir la fac comme un merveilleux modèle d'apprentissage, d'échange et de culture, mais que cela n'est pas incompatible avec une attitude rationnelle permettant aux étudiants d'inscrire leur diplôme dans un avenir professionnel.

Quentin

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