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Pétition "appel de paris 8"

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Message  Admin Mar 27 Nov - 16:27

L’appel de l’université de Paris VIII
Vincennes-St Denis
Vendredi 16 novembre 2007


Nous, enseignants-chercheurs, chercheurs et membres du
personnel de l’université affirmons notre opposition
catégorique à la loi dite LRU, notre soutien plein et
entier à la mobilisation étudiante et notre
participation à ce mouvement.

Sous couvert « d’autonomie » (de gestion, mais ni
intellectuelle ou scientifique) et afin notamment de
favoriser la constitution de « pôles d’excellence »
susceptibles d’améliorer la place des universités
françaises dans le dérisoire « palmarès de Shanghai »
(ou dans la course pour attirer les meilleurs «
cerveaux »), cette réforme, d’inspiration managériale,
vise à amplifier la concurrence entre établissements
du service public d’éducation et de recherche,
laquelle risque à terme de transformer la majorité
d’entre eux en « collèges » universitaires limités au
niveau de la Licence, ainsi qu’à déléguer à ces
établissements le soin de gérer le désengagement
croissant de l’Etat concernant leur financement.

Ainsi, et pour faire face à une crise financière déjà
présente, ces établissements sont fortement incités à
se lancer sur le modèle, - apparemment indépassable- ,
des grandes écoles de commerce et de sciences
politiques, dans la course aux fonds privés qui, par
le biais des déductions d’impôt, deviennent une des
portes de l’accès aux ressources publiques. De même,
le recrutement de personnel non statutaire est
vivement encouragé. En effet, la réforme anticipe les
difficultés financières auxquelles seront
nécessairement confrontées les universités qui ne
parviendront pas à capter les ressources privées et
publiques en les autorisant à recruter un personnel
(enseignant, chercheur et administratif) sans statut.
Nul doute qu’avec ces possibilités nouvelles de
recruter sous contrats, les fonctionnaires seront de
moins en moins nombreux dans les universités. Enfin,
cette réforme aboutira inéluctablement à une
augmentation progressive des droits d’inscription.
Comme les collectivités territoriales aujourd’hui
contraintes d’augmenter les impôts locaux si elles
veulent se donner les moyens de mener une politique
propre, les établissements qui n’intéressent pas
directement le marché de l’emploi privé seront à terme
nécessairement conduits à sélectionner leurs
étudiants, et /ou à les solliciter financièrement au
travers d’une augmentation généralisée des droits
d’inscription (on parle de montants tournant autour de
3.000 / 4.000 euros). Cette augmentation, -
officiellement repoussée pour des raisons
essentiellement tactiques – est d’ailleurs réclamée
par les parlementaires de l’UMP, comme par la
Conférence des présidents d’université (CPU).

Sous couvert de « bonne gouvernance », qui ouvre
également la porte à une évaluation du personnel par
les « résultats » dont l’efficacité est loin d’être
prouvée, cette réforme, - réclamée elle aussi
fortement par la CPU-, balaye le principe de
collégialité ayant traditionnellement cours à
l’université et réduit considérablement le pouvoir des
disciplines dans les recrutements. A ce titre, elle
représente une régression tant démocratique que
scientifique. En effet, elle augmente considérablement
le pouvoir des présidents d’université transformés
alors en autant de petits chefs d’entreprise ayant la
haute main sur « leur personnel ». Ainsi, et au
travers notamment de la disparition des anciennes «
commissions de spécialistes » et de leur substitution
par des « comités de sélection » ad hoc dont les
membres sont proposés par le président, - comme du
droit de veto de ces derniers sur les recrutements- ,
les futurs présidents exerceront un contrôle
particulièrement étroit sur le recrutement de leurs
«chers collègues». Présentés comme un remède au «
localisme » qui affecte beaucoup de recrutements
actuels, ces comités de sélection ne feront pourtant
que renforcer les logiques de clientélisme. A cela
s’ajoutent d’autres instruments de « domestication »
du personnel, comme par exemple la définition de la
répartition des obligations de service des
enseignants-chercheurs entre enseignement, recherche
et administration par le Conseil d’administration, la
délivrance de primes par le président, la création de
« dispositifs d’intéressement », le recrutement en CDI
ou en CDD de personnels administratifs ou enseignants,
etc.

Cette réforme contient donc une remise en cause du
statut national de l’ensemble des personnels
universitaires. Concernant les enseignants-chercheurs,
elle est manifestement le prélude à la réforme de leur
statut préconisée par Bernard Belloc, lequel est
d’ailleurs conseiller de l’Elysée pour les affaires
universitaires. Dans son rapport, celui-ci proposait
notamment de dissocier les activités d’enseignement et
de recherche en créant un nouveau corps d’enseignant
du supérieur faisant deux fois plus d’heures
d’enseignement que les autres. Cette dissociation de
l’enseignement et de la recherche, qui permettra
notamment au ministère de « faire plus avec moins »
pour reprendre une expression chère aux consultants,
est congruente avec la division, hiérarchisation
accrue des établissements évoquée plus haut et
représente aussi une régression scientifique sans
précédent. Car ce qui fait le caractère universitaire
d’un enseignement, c’est qu’il soit délivré par des
enseignants qui sont aussi des chercheurs.

Concernant les critères d’évaluation des universités
et leurs nouvelles missions « d’orientation et
d’insertion professionnelle », l’évaluation à l’aune
de la réussite aux examens des étudiants aura
probablement deux conséquences : les facultés
tenteront de recruter prioritairement les étudiants
qui ont le plus de chances de réussir leurs études
(c’est le modèle déjà suivi par l’université Paris IX
Dauphine) et/ou abaisseront le niveau d’exigence aux
examens. Les étudiants les moins « rentables » seront
donc « réorientés », -bien évidemment pour « leur bien
»-, notamment au travers du nouveau dispositif «
d’orientation active ». Quand à l’évaluation de la
rentabilité par les taux d’insertion professionnelle
de leurs étudiants, elle devrait logiquement inciter
les universités à se mettre au diapason des
discriminations qu’opèrent beaucoup d’entreprises
lorsqu’elles embauchent. De ce point de vue, il
deviendra problématique d’accueillir massivement,
comme le fait aujourd’hui Paris VIII, les jeunes issus
de l’immigration, les étrangers, ainsi que les jeunes
filles, qui sont plus discriminés sur le marché de
l’emploi (souvent quel que soit leur taux de réussite
au diplôme). Mais chacun et chacune pourra ensuite
librement saisir la HALDE (Haute autorité de lutte
contre les discriminations et pour l’égalité)… Notre
université risque donc de ne plus être un lieu de
formation, mais un simple centre de tri.

Loin d’apporter une solution aux problèmes actuels de
l’université française, cette réforme contribuera
notamment à amplifier les inégalités sociales devant
les études supérieures au nom d’une philosophie qui
fait de la concurrence un garant de l’adaptation aux
« besoins » des publics. Ainsi, la démocratisation de
l’université (partielle et limitée, mais néanmoins
bien supérieure à celle de ces établissements déjà
très « autonomes » que sont les grandes écoles) ne
sera pas renforcée dans le sens d’une démocratisation
des « résultats » (accès de tous à toutes les
filières, tous les établissements, et au même niveau
d’exigence), mais dans l’accès à un plus grand
accompagnement vers le marché de l’emploi, au travers
notamment de la généralisation des dispositifs
précoces de « professionnalisation » et de la
politique des stages (rarement rétribués…). Cette
professionnalisation est d’ailleurs souvent présentée
comme la panacée universelle censée répondre aux maux
de l’université, comme à la demande sociale. Pourtant,
il n’y a pas de véritable réflexion sur l’acquisition
des savoirs génériques qui permettent ensuite les
reconversions et la reprise d’études « tout au long de
la vie ». De même, l’importance de la recherche est
souvent soulignée par nos gouvernants (c’est le thème
européen et sans cesse rebattu de « l’économie de la
connaissance »). Mais au travers de la politique dite
des « pôles d’excellence », celle-ci est vouée à
devenir le privilège d’une minorité d’établissements,
comme d’enseignants-chercheurs. Et on observe
qu’alors, il s’agit d’une recherche de plus en plus
instrumentalisée, phénomène notamment souligné par le
mouvement SLR. De même, l’« échec » en 1er cycle n’est
pas considéré à la lumière du financement insuffisant
par étudiant (pourtant attesté dans les comparaisons
internationales) comme des problèmes économiques
rencontrés par certains groupes sociaux pour étudier,
mais comme un besoin d’une meilleure « orientation ».
Ce qui permet alors de déplacer la responsabilité des
problèmes économiques et d’emploi vers l’université et
par là-même de culpabiliser les enseignants-chercheurs
défendant l’autonomie de la recherche. Enfin, la
pénurie matérielle chronique dans laquelle sont
plongées les universités françaises (voire même leur
misère, si on les compare aux universités étrangères)
n’est pas prise en compte non plus, ce que souligne
bien le dernier budget de l’enseignement supérieur.

Contre cette remise en cause frontale du service
public d’enseignement et de recherche, - et cynique,
car s’opérant souvent au nom des intérêts supposés des
étudiants et plus spécialement de ceux d’origine
populaire auxquels par exemple certains économistes «
équitables » voudraient faire croire qu’il est
finalement de leur intérêt d’avoir des frais
d’inscription beaucoup plus élevés - , il faut
rappeler sans cesse la nécessaire pluralité des
missions de l’Université, que sont notamment
l’élaboration et la transmission des connaissances, le
développement de la recherche comme de l’esprit
critique et l’élévation générale du niveau de
formation de la population. Celles-ci ne se résument
donc pas, - comme voudrait le faire croire l’opinion
économiciste dominante- , à la production d’une main
d’œuvre immédiatement prête à l’emploi sous prétexte,
et profitant du fait qu’elle a, certes, besoin de
travailler. Chaque université a vocation à être un
foyer scientifique et culturel vivant ouvert à tous,
et notamment aux enfants de la démocratisation
scolaire particulièrement nombreux dans notre
université qui doivent continuer à y trouver un lieu
d’émancipation intellectuelle, comme de promotion
sociale. Et de fait, il n’y aurait pas de raisonnement
plus méprisant que celui consistant à dire que ces
jeunes sont tout juste bons à être précocement «
professionnalisés » dans des universités de seconde
zone, avec peu de recherche, et sous financées, tandis
que d’autres, parce qu’ils sont bien nés, auraient le
privilège de bénéficier d’une formation généraliste de
haut niveau et tournée vers l’international, sur le
modèle notamment des grandes écoles françaises, dont
les budgets par étudiant n’ont, - faut-il encore le
rappeler ?-, rien de comparable avec ceux des
universités…

En conséquence, nous appelons nos collègues à se
mobiliser, à ne pas pénaliser les étudiants au niveau
des examens pour leur participation au mouvement, et
surtout à y participer activement eux-mêmes, notamment
en invitant les étudiants à réfléchir avec eux aux
missions de l’université, comme à la fabrication des
prochaines maquettes d’enseignement dans le cadre de
la campagne d’habilitation dite du LMD2. L’université
que nous voulons est d’abord celle des étudiants, des
enseignants-chercheurs, chercheurs et de tous les
personnels qui y travaillent, et non celle rêvée par
les entreprises.

Pour signer cette pétition écrire à :
p8_contre_la_lru@yahoo.fr
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